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Yvan Keller, le tueur à l'oreiller


Yvan Keller, né le 13 décembre 1960 à Mulhouse et mort le 22 septembre 2006 dans la même ville, est un tueur en série français, surnommé « le tueur à l'oreiller » Il a sévi de 1991 à 2000 en France, en Suisse et en Allemagne. Il a avoué avoir tué environ 150 personnes, ce qui ferait de lui le tueur en série français le plus prolifique du XXe siècle.

Biographie

Enfance

Yvan Keller est né le 13 décembre 1960 à Wittenheim, une cité ouvrière. Il est le benjamin d'une fratrie de neuf enfants. Ses parents sont des « vanniers », des gens du voyage sédentarisés. Les Keller habitent rue du Bourg.

Son père Joseph, est employé à la mine de potasse. Il grandit dans un contexte familial plutôt instable. Son père est violent et oblige ses enfants à voler pour que la famille puisse survivre. Ils mènent une vie de débrouille. Sa mère meurt à 49 ans.

Un de ses frères, Pierre, tentant de voler des câbles électriques en cuivre sous haute tension est sérieusement blessé aux mains.

Parcours criminel

Yvan Keller se spécialise dans les cambriolages et acquiert une certaine réputation dans le milieu du banditisme.

En décembre 1982, à Battenheim, Keller braque et frappe violemment un couple d'antiquaires dans leur boutique. Il vole des pâtes de verre du style Gallé ou Daum et des tableaux de peintres alsaciens. Il est alors âgé de 22 ans.

Keller est arrêté le 22 décembre 1982 pour le braquage avec violence à l'encontre du couple d'antiquaires. Il est déféré, le 24 décembre 1982, devant le juge d'instruction et est inculpé pour « braquage aggravé de séquestration » puis placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Mulhouse.

En juin 1984, Keller est condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour le braquage avec violence par la cour d'assises du Haut-Rhin à Colmar.

Libération et réinsertion

Yvan Keller est libéré le 4 août 1989, après avoir purgé six ans et demi de détention. Il s'installe à Mulhouse rue de Verdun, dans un appartement dans une maison bourgeoise, au sein d'un quartier tranquille et verdoyant, à l'écart du centre-ville.

De 1990 à 1996, Keller vit en couple avec Marina Passant, avec qui il commet de nouveaux cambriolages, sans qu'elle ne s'aperçoive des assassinats de vieilles dames. Il devient jardinier-paysagiste et crée sa petite société : Alsa-Jardin. Ses clients sont très satisfaits de son travail et le recommandent. Ils le décrivent comme gentil, serviable, compétent et disponible, menant une vie modeste. Selon ses voisins et collègues, il est « monsieur tout-le-monde ».

En 1996, Marina et Keller se séparent. Il rencontre Séverine Bauer, qui devient sa nouvelle compagne, avec qui il restera jusqu'à sa mort en 2006.

Les faits et l'enquête

Série d'assasinats

Au début de 1991, Sausheim, deux sœurs Hélène et Alice Muller habitent ensemble au 17 grande rue, et emploient Keller pour entretenir leur jardin. Alice, 88 ans, est presque invalide, elle prend un traitement pour des troubles cardiaques et dort au rez-de-chaussée. Hélène, 83 ans, dort à l'étage.

Dans la nuit du 7 au 8 mars 1991, vers 4h du matin, Hélène est réveillée par un bruit. Elle se lève et se retrouve face à un cambrioleur. Celui-ci s'enfuit immédiatement. Hélène trouve Alice allongée sur le dos dans son lit, les bras le long du corps, le drap remonté sous le menton. Elle est morte. Le médecin conclut qu'Alice est morte d'un arrêt cardiaque. 600 francs sont toujours sous l'oreiller d'Alice. L'affaire est donc classée sans suite et aucune enquête n'est ouverte.

Le 21 décembre 1991, Marie-Louise, une autre octogénaire est retrouvée morte chez elle en Alsace. Le médecin légiste conclut à une mort naturelle et aucune enquête n'est ouverte.

À Mulhouse, en janvier 1992, rue de Bantzenheim, Yvette, 76 ans, est découverte par les pompiers et son petit-neveu Jean-Marie Baechler, morte dans son lit, allongée sur le dos. Le médecin conclut à une mort naturelle. Jean-Marie remarque une tache de sang, au niveau du bassin d'Yvette, sous les draps. Sachant Yvette très soucieuse de son hygiène, il ne peut pas croire qu'elle se soit couchée dans son lit s'il y avait une tache de sang. D'après Jean-Marie, la mort d'Yvette n'a pas été paisible. Il remarque qu'un volet n'est pas complètement fermé. Yvette était méfiante et fermait toujours avec précaution les trois verrous et la serrure de sa porte d'entrée. Il s'étonne que certaines des serrures de la porte ne sont pas verrouillées.

En 1993, François de Nicollo, ami d'enfance de Keller et complice au cours de certains cambriolages, le dénonce aux policiers de la brigade anticriminalité de Mulhouse. Il déclare que Keller lui a demandé de le conduire de nuit, à bord de sa voiture pour commettre des cambriolages. Il dépose Keller à un peu plus d'un kilomètre du lieu où il veut aller. Il n'accompagnait jamais Keller sur les lieux. Il attend Keller dans la voiture pendant plusieurs heures. Keller lui donne ensuite 500 ou 1 000 francs pour le dédommager, sans lui faire aucun commentaire. François de Nicollo a remarqué une voisine de sa mère comme une proie potentielle pour Keller et la lui a indiquée. Peu de temps après, François de Nicollo apprend que cette femme a été retrouvée morte chez elle et que son argent a disparu. Peu après, de Nicollo transporte Keller pour un cambriolage. Le lendemain, il apprend que la personne est morte. Il comprend que Keller est un meurtrier en plus d'être un cambrioleur. François de Nicollo est également un indic de la police. Pour les policiers, il a la réputation d'être mythomane et affabulateur. Ils ne le prennent pas au sérieux et ne donnent pas suite à ses déclarations.

Le 21 janvier 1994, à Burnhaupt-le-Haut, Marie Winterholer, 79 ans, habitant au 10 rue Basse, est retrouvée morte allongée sur le dos dans son lit. Le médecin conclut à une mort naturelle et délivre le certificat de décès.

Le 12 mars 1994, au 11 rue Basse, Germain Mang entre chez sa mère Ernestine, 86 ans. Il est étonné de trouver, juste derrière la porte d'entrée, une vieille baratte à beurre qui était rangée dans la cave de la maison depuis des années. Il trouve Ernestine morte dans son lit, allongée sur le dos. Il s'étonne que la literie soit tirée de manière impeccable. Ernestine avait du mal à se déplacer en raison de ses hanches. Germain est persuadé que ça ne peut pas être elle qui a déplacé la baratte. La boite en bois dans laquelle Ernestine conservait son argent liquide est vide. Germain constate qu'une bague d'Ernestine a disparu. Le médecin conclut à une mort naturelle par arrêt cardiaque.

Le 27 avril 1994, au 22 rue Basse, Augusta Wassmer, 77 ans, est retrouvée morte dans son lit, elle aussi allongée sur le dos. Aucune effraction n'est relevée. Sa fille, Marie-Françoise Roecklin, trouve que le lit est trop bien fait. L'autopsie conclut à une mort par arrêt cardiaque, sans doute « due à une grande peur ». Nicolas Roecklin, petit-fils d'Augusta, n'arrive pas à croire à sa mort naturelle car elle était en pleine forme. La fille d'Ernestine Mang parvient à s'introduire dans la chambre d'Augusta et fait observer qu'Ernestine a été trouvée exactement dans la même position dans son lit. Le médecin refuse de signer le certificat de décès. Plus tard, Marie-Françoise remarque que la carte bancaire d'Augusta et une clé de la maison ont disparu. En consultant les relevés de compte, Marie-Françoise constate que la carte bancaire a été utilisée à Mulhouse pour effectuer trois retraits à des distributeurs automatiques. Ces distributeurs ne sont pas équipés de caméra, mais un passant a vu la personne qui a effectué un des retraits : c'est un homme mince, d'environ 1,70 m, aux cheveux châtain clair. Le corps d'Augusta est autopsié. L'autopsie conclut à une mort naturelle par asphyxie.

Le 12 février 1995, à Eschau, Madeleine Lesecq, 79 ans, est retrouvée morte dans son lit, allongée sur le dos. Le médecin conclut à une mort par arrêt cardiaque et délivre le permis d'inhumer. Ses enfants Andrée et Christian constatent que 1 000 francs ont disparu.

Keller commet, en 2000, son dernier assassinat de vieille dame au cours d'un énième cambriolage.

Texte sous licence CC BY-SA 3.0. Contributeurs, ici. Photo : Ketut Subiyanto - Pexels.

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